Date de publication : 2019-02-18
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Grand débat - démocratie et citoyenneté

1. En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?

Ma devise favorite est extraite d'une vieille chanson d'Henri Tachan : " Y'a que moi dans mon parti, et c'est déjà le merdier ". Je crois beaucoup plus à la vigilance citoyenne qu'à des représentants pour qui la vie publique est devenue un métier.

2. En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?

Oui

3. Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?

À l'évidence, les syndicats et les associations citoyennes peuvent jouer un rôle de contre-pouvoir, compte-tenu du décalage entre les citoyens et les élus. Dans les villes et communes, des citoyens devraient pouvoir assister aux appels d'offre ou passations de marchés publics. Dans les entreprises, les syndicats devraient être associés à toutes les décisions stratégiques.

4. Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?

RÉTABLIR LA CONFIANCE QUI A TOTALEMENT DISPARU, ET POUR CAUSE. En 1788, le tiers-état n'en pouvait plus des privilèges de la noblesse de robe et d'épée. En 2019, les gilets jaunes et les autres n'en peuvent plus des privilèges de la noblesse de suffrage. Pourquoi des prélèvements à la source pour les politiques au lieu d'un impôt global comme pour les autres Français? Si les élus payaient autant d'impôt que les autres, ils y réfléchiraient à deux fois avant de voter des taxes. Pourquoi les élus bénéficient-ils d'un régime de retraite différent? Pourquoi des indemnités sans le moindre contrôle des dépenses? À Biarritz, où j'habite, un reportage de "Zone interdite", diffusé il y a six ou sept ans, a beaucoup indigné la population. Lors d'un sujet sur l'absentéisme, un sénateur local est surpris par les caméras à être présent pour une fois au Sénat. Le journaliste de M6 demande à visiter son bureau... Et le sénateur, élu depuis dix-huit ans, se trompe et ne le retrouve pas! Avant d'affirmer qu'il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot, que les élus donnent l'exemple. Imagine-t-on le salarié d'une entreprise qui ne saurait pas où se trouve son bureau? Pour faire bonne mesure, le même élu avait salarié comme assistante parlementaire sa fille vivant... à Bogota. Et, bien évidemment, il n'avait pas d'autre permanence parlementaire que la mairie. Voilà un homme qui s'est engraissé pendant vingt ans sur le dos des contribuables, tout en leur faisant la morale.

5. Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :

Une mauvaise chose

6. Pourquoi ?

Je pense que les députés et sénateurs, de même que les maires, ne devraient pas avoir le droit d'effectuer plus de deux mandats, ce qui aurait le mérite de vivifier la vie politique. En revanche, la suppression du classique diptyque "député-maire", "sénateur-maire" me paraît une erreur. Les élus ont besoin d'un ancrage local et l'on constate qu'en cas de turbulences ou de dossiers délicats dans une ville, le premier réflexe des nouveaux élus est de se précipiter à Paris, centralisme oblige.

7. Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?

Le système actuel me semble le bon. Surtout pas de proportionnelle, même à dose infime, qui nous conduirait à des élus "préservés" et à un retour à la IVe République.

8. Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?

Oui

9. Si oui, lesquels ?

Oui, de façon drastique. Il est ahurissant que notre pays compte autant d'élus que les États-Unis, pays 14 fois plus grand que le nôtre. Désolé pour le cliché, mais à mes yeux le Sénat est une "chambre d'enregistrement" sans grand intérêt. Mais c'est surtout dans les départements qu'on frise le ridicule. Dans les Pyrénées-Atlantiques, on crée une communauté d'agglomérations du Pays basque avec plus de 233 élus, mais on ne touche pas au conseil départemental qui ne sert pas à grand chose. Simplification, s'il vous plaît, même si quelques élus pleurent leurs indemnités perdues!

10. Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?

Il est indispensable que la confiance entre les citoyens se rétablisse. Il est indispensable que les électeurs retrouvent le chemin des urnes.

11. Faut-il prendre en compte le vote blanc ?

Oui

12. Si oui, de quelle manière ?

La citoyenneté implique des droits et des devoirs. Pour ma part, je pense qu'il faut rendre le vote obligatoire, avec une forte amende à la clé pour ceux qui cherchent à se soustraite à leurs obligations citoyennes. En contrepartie, les votes blancs et nuls doivent être comptabilisés.

13. Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?

La démocratie participative doit commencer dans la vie locale où les citoyens ont souvent beaucoup d'idées sur ce qu'il faut faire. LA ville de Biarritz s'efforce de mettre en place des initiatives citoyennes, ce qui est louable. En revanche, elle décide de faire le plus gros emprunt de son histoire pour la rénovation de L'Hôtel du Palais (où va se tenir le G7), sans même organiser un referendum, alors qu'une part importante des citoyens étaient plutôt favorables à la vente de ce bien, une ville n'ayant pas la vocation à gérer un palace. Ce sont ces attentats démocratiques répétés (tout comme celui sur la constitution européenne) qui exaspèrent les citoyens et les dégoûtent d'aller aux urnes.

14. Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?

Je ne sais pas

15. Si oui, comment ?

Je suis plutôt favorable au RIP. Le danger est qu'il devienne une arme de dissuasion politique que l'on dégaine à toute occasion. J'avoue que je suis incapable de savoir à quel niveau, il faut placer la barre.

16. Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?

Certains élus ont le sens du dialogue. D'autres ne répondent jamais quand les citoyens leur écrivent. Le citoyen ne peut être compétent en tous domaines, c'est même pour cette raison qu'il vote et délègue ses pouvoirs de décision à un élu. Mais il doit avoir un sentiment de confiance et de transparence. Dans toutes les instances décisionnelles, un peu comme les jurés d'assises, des citoyens devraient pouvoir venir "mettre leur nez" pour comprendre ce qui se passe et se persuader que tout est transparent.

17. Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?

Quelle curieuse question qui associe des poules et des couteaux! Le Conseil économique, social et environnemental a un rôle intéressant et toutes les raisons de continuer ainsi, à condition qu'il ne soi pas le refuge de copains en difficulté, comme l'avait fait François Mitterrand avec Yvette Horner. Le Sénat, chambre de notables, me paraît dater d'un autre temps. Il est choquant d'avoir une chambre de "grands élus". Pour ma part, et même si cela implique une réforme de la constitution et une VIe République que je souhaite ardemment, tant nos institutions actuelles me semblent vermoulues, je ferai bien l'économie du Sénat.

18. Faut-il les transformer ?

Oui

19. Si oui, comment ?

Pour le Conseil économique et social, une part de citoyens tirés au sort, pour amener de la "fraîcheur" dans les débats. Pour le Sénat, une suppression programmée.

20. Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?

Contrairement au Sénat, la loi de 1905 de séparation des églises et de l'État ne me semble pas avoir pris une ride. La laïcité est une notion très claire qui doit être martelée dès l'école. Chacun a le droit de croire en qui il veut du moment qu'il n'impose pas sa foi aux autres.

21. Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?

Au rugby, on dit que l'équipe est plus grande que le joueur. La République est prioritaire sur les convictions religieuses car elle garantit à chacun le droit ce croire en qui il veut.

22. Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?

Les Pyrénées-Atlantiques si mes sources sont bonnes sont le département de France qui compte le plus d'associations. Ce qui n'est guère étonnant car le Pays basque est une terre rurale et solidaire. Parfois, ce sont de petits riens qui favorisent grandement la vie des associations. À Biarritz, la maison des associations permet de louer une salle de cent places pour dix euros de l'heure, ce qui me paraît raisonnable. À Versailles, le maire de l'époque, Étienne Pinte, pour ne pas reconduire mécaniquement les budgets des associations, avait trouvé quelque chose de très astucieux. À chaque fois qu'il le pouvait, et en particulier pour la course Paris-Versailles, nécessitant de gros moyens humains, il faisait appel aux "bénévoles" des associations qui étaient rémunérées (modestement) à hauteur du nombre de leurs participants. Je pense qu'il faudrait très peu de choses pour que les Français, souvent passionnés de vie publique, retrouvent le goût de l'engagement citoyen. À mes yeux, la clé de l'édifice, repose sur des politiques absolument irréprochables. Le président Macron a suscité beaucoup d'espoirs en 2017 avec sa promesse de moralisation de la vie publique. Il a beaucoup déçu avec une réforme que la plupart des citoyens ont jugé "cosmétique" et sans volonté réelle de s'attaquer aux privilèges des élus. La promotion d'un Richard Ferrand, peut-être pas coupable aux yeux de la loi mais dont les agissements semblent assez loin d'un idéal républicain en est un parfait exemple.

23. Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?

Les petites communes rurales n'attendaient pas que le maire fasse tout dans les villages. Chacun suivant ses compétences, fauchait ou repeignait le presbytère ou la mairie. Cette fierté d'appartenir à une communauté doit être restaurée.

24. Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?

Donner la nationalité française et favoriser son insertion à un migrant qui sauve un enfant est un très beau symbole. Quand des maires de petites communes donnent de l'argent de poche à des jeunes pour des tâches citoyennes, il en va de même. Tout ce qui resserre, tout ce qui rend fier d'être français doit être étudié.

25. Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?

Moins de galettes des rois, repas d'anciens, vins d'honneur et autres cérémonies où les élus cultivent "l'entre-soi". Heureusement quelques villes ont des idées, malheureusement pas reprises par les villes voisines. Un repas des anciens, une fois par an, c'est peut-être intéressant électoralement, mais ça fait un peu méprisant. En revanche, considérer que la mémoire est un bien collectif du ressort des collectivités, envoyer les plus jeunes interroger les anciens et profiter des facilités actuelles du numérique pour faire chaque année une "fête des octogénaires" et alimenter les sites internet de la ville me semble de l'argent autrement mieux placé que celui donné aux traiteurs.

26. Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?

La violence verbale et l'agressivité deviennent une façon d'être. Mais avant de dire "Plus de policiers ", peut-être convient-il de commencer par agir à son niveau sans attendre les autres. Pour avoir joué longtemps au rugby, je n'ai pas trop l'habitude de faire appel à autrui si on me cherche. Et j'avoue que j'adore l'attitude des Basques qui savent très bien faire respecter leur façon de vivre et n'hésitent pas à dire à un gamin qui sort une herbe prohibée "Pas de ça chez nous!"

27. Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?

C'est l'affaire de tous et pas seulement des pouvoirs publics.

28. Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?

Être courageux! Un soir à minuit, alors que j'avais soixante ans, je suis intervenu dans un train de banlieue pour séparer un couple où l'homme malmenait sa compagne. J'ai vraiment pensé un moment que j'allais avoir le dessous, mais personne n'est venu m'aider. Et le pire, c'est que lorsque le mari violent est descendu à la station suivante, des trentenaires sont venus me féliciter pour mon intervention... Les mêmes qui n'avaient pas levé le petit fdoigt.

29. Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?

L'homophobie et le racisme.

30. Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?

Mélanger les gens le plus tôt possible pour que chacun comprenne combien l'autre est intéressant. Quand on fait du sport, que le partenaire soit noir ou jaune, ne change pas grand chose car on est tous pareils sous la douche. Qu'en 2019, des jeunes se fassent tabasser parce qu'ils aiment une personne du même sexe me rend malade. Il faut que les institutions quelles qu'elles soient montrent une très grande fermeté sur toutes les discriminations et ne haussent pas les épaules en se disant que ce n'est pas grave.

31. Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?

Oui

32. Si oui, lesquelles ?

Ayant connu quelques mois de chômage en 42 ans de carrière, je sais que je me serais senti beaucoup mieux si on m'avait proposé d'aider les enfants à traverser devant une école ou de tenir une bibliothèque. On reçoit quelque chose de la République, il est normal de donner quelque chose en contrepartie. En revanche quand le Premier ministre Edouard Philippe lance cette idée novatrice en pleine crise des gilets jaunes, le timing ne me paraît pas d'une habileté folle.

33. Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?

Aucun critère. La situation me paraît parfaite. L'immigration est une chance pour notre pays.

34. En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?

Non

35. Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?

Accueillir à bras ouverts ceux qui souhaitent s'installer chez nous. Solidarité et partage.

36. Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?

La bienveillance et l'écoute de ceux qui viennent chercher refuge dans le pays des droits de l'homme. NOus avons tout à apprendre des autres.

37. Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?

Quand il a fait campagne en 2017, le président Macron nous a beaucoup inspirés puisque, avec un groupe d'amis, nous avons créé une association de "citoyens désireux de se faire entendre et de contribuer à la moralisation de la vie publique". Nos échanges étaient et sont toujours passionnants puisque nous sommes de toutes tendances politiques mais unis par cette envie de voir nos élus devenir irréprochables. Il faut croire que cette idée de surveiller la vie politique locale, de décerner d'ironiques coups de klaxons à des élus peu respectueux de la démocratie et d'envoyer des harpes à ceux qui montrent un sens de l'intérêt commun, a résonné dans quelques têtes puisqu'en un an à peine nous sommes passé de sep à soixante-dix membres. Mais, disons-le tout net, les lois votées au Parlement nous ont beaucoup plus semblé relever du marketing que d'une vraie envie de moraliser la vie publique. Il avait été question pendant la campagne de moraliser le statut de l'élu local. Ce voeu est passé à la trappe! Et bien d'autres propositions ont fait de même. Nous sommes très loin du "Tous pourris!". Beaucoup d'élus font très bien leur travail. Mais les indécents privilèges de la classe politique doivent cesser. Quand les élus seront tous devenus respectables, automatiquement les citoyens les respecteront. C'est l'enjeu majeur du bien vivre ensemble des Français.